Ce que les acteurs de la formation ont à dire sur l’engagement des apprenants

Published on 28/06/2024
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Diffusé le 12/05/2023 2023 par le C2RP

Au micro du C2podcast, les acteurs impliqués dans l’écosystème de formation des Hauts-de-France s’expriment sur la question de l’engagement en formation

Présentation de l’enquête exploratoire auprès des acteurs publiques et du personnel pédagogique des organismes de formation en Hauts-de-France réalisée par Katalyo

Podcast du C2RP sur ce que les acteurs de la formation ont à dire sur l’engagement des apprenants

L’engagement en formation est souvent centré sur l’apprenant, son implication dans l’apprentissage, ses motivations, sa perception de l’utilité d’une formation, ou sa confiance en sa capacité à la finir. De nombreuses recherches scientifiques ont été produites sur ce sujet complexe car souvent l’engagement des apprenants est associé à la montée en compétences donc au succès de la formation.

La notion d’engagement en formation évolue. Dans toute stratégie de formation, il faut désormais prendre en compte la digitalisation de l’apprentissage et son impact sur la motivation et l’implication des apprenants. Les enjeux ne s’arrêtent toutefois pas là…  D’autres enjeux tels qu’économiques pour les organismes de formation, ou encore sociaux pour les réseaux accompagnateurs font que l’engagement concernent tous les acteurs impliqués dans la formation professionnelle.

Katalyo, laboratoire d’innovation de formation en Hauts-de-France, a initié et réalisé une enquête exploratoire sur les facteurs d’engagement en formation. L’objectif de cette démarche est de mettre en évidence la manière dont le sujet de l’engagement est perçu et défini par un panel d’acteurs de la formation. L’analyse vise ainsi à caractériser ce sujet, à améliorer sa compréhension et à fournir une grille de lecture commune.
Pour mener à bien cette enquête terrain, Katalyo a travaillé en partenariat avec 2 chercheurs experts en sciences cognitives et en formation adulte Raphaël Grasset et Catherine Mougin. Fabien Fenouillet, professeur de psychologie positive des apprentissages, apporte la contribution de la recherche par la production d’une revue de littérature sur la structure et les différentes phases de la motivation humaine lors d’apprentissages.

Dans cet épisode spécial « Pacte HDF » du C2podcast, la parole est donnée à :

Nicolas VISPI, coordinateur du laboratoire d’innovation Katalyo et chargé de mission à l’Agence Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ARACT). Il nous présente l’origine du projet et décrit la démarche exploratoire réalisée à travers ses objectifs et ses modalités de mise en œuvre.

Raphaël GRASSET, entrepreneur, chercheur et enseignant en sciences cognitives et fondateur de Traindy.  
Le profil des personnes interrogées, leur perception et leur définition de l’engagement en formation sont explicités lors de son interview.

Catherine MOUGIN, chercheure, enseignante en formation pour adulte et fondatrice de 3E INNOVATION présente les 9 déterminants clés de l’engagement que l’enquête a permis de mettre en exergue. Elle s’attarde en particulier sur le déterminant « problématiques sociales » en donnant les différents caractéristiques influent en amont ou en aval de la formation, les solutions mises en place par les acteurs et leur capacité à travailler ensemble.

Le C2podacst se conclut sur les pistes de poursuites en termes de recherche, d’expérimentation avec les acteurs et l’annonce de deux évènements autour de la restitution de l’enquête exploratoire.

Dans un objectif de partage, de confrontation et de mise en discussion des premiers résultats, Katalyo organise un événement de restitution le 30 mai 2023 à Lille et un webinaire le 15 juin.

Katalyo a pour mission d’accompagner les acteurs de la formation professionnelle dans le renouvellement de leurs pratiques. Son ambition est d’impulser une véritable dynamique d’innovation par l’appui à l’émergence et à l’ingénierie de nouveaux projets, par l’expérimentation et la production d’enseignements, par la capitalisation et la valorisation des connaissances.
Traindy s’appuie sur 60 ans de recherches en sciences cognitives pour proposer des solutions pédagogiques innovantes à impact comme le compagnon d’apprentissage Learning Coach ou la plateforme d’évaluation Assess Ninja.

3E Innovation est une agence Digital Learning avec une expertise sur les sujets du handicap et de l’accessibilité numérique des dispositifs de formation

— Raphaël GRASSET
Raphaël GRASSET. Je suis le fondateur de Traindy qui et une société d’innovation pédagogique basée sur les sciences cognitives puisque je suis aussi chercheur rattaché à l’université de Nanterre. Et effectivement, le sujet de l’engagement en formation, en fait, est venu de cette double approche à la fois de recherche et de terrain D’un côté, de la recherche, on avait beaucoup de thématiques et de problématiques qui sont posées, qui n’ont pas encore forcément beaucoup de réponses sur ces questions là.
De l’autre côté, en discussion avec mes clients, j’avais des retours comme quoi l’utilisation des ressources pédagogiques mises à disposition des apprenants était faibles. Ce sont toutes ces problématiques là en fait, qui revenaient très souvent. Et même quand on en parlait avec des clients, il y avait souvent des sourires parce que tout le monde est au courant de cette problématique, mais tout le monde n’a pas forcément les réponses.

— Musique : jingle C2 Podcast : publicité
Bienvenue sur le C2 Podcast, le podcast du C2RP CARIF-OREF des Hauts-de-France. Nous vous proposons aujourd’hui une émission spéciale consacrée au plan d’investissement régional dans les compétences en Hauts-de-France : le PACTE. Nous avons le plaisir d’accueillir et de vous faire découvrir un acteur ou un porteur de projet du PACTE pour nous présenter un dispositif ou une action engagée. Avec le témoignage de notre invité, nous saurons tout quant au contexte, au choix du format, aux partenaires associés, aux ambitions, aux réussites, mais aussi aux difficultés rencontrées à cette occasion.
Musique : jingle C2 Podcast

— Nicolas LOZANCIC
Bienvenue dans le C2 podcast ! Le podcast du C2RP CARIF-OREF Hauts-de-France. Nouvel épisode aujourd’hui qui prend la forme d’une annonce, d’un rendez vous à marquer dans vos agendas. Nicolas VISPI, puis Catherine MOUGIN et Raphaël GRASSET, que vous avez entendu en introduction, sont nos invités aujourd’hui. Tous trois sont à l’origine d’une enquête qui porte sur un sujet de préoccupation constant dans le domaine de la formation professionnelle continue.
Et comme vous l’avez entendu, il s’agit de l’engagement en formation. Nicolas VISPI revient pour nous sur les origines du projet.

— Nicolas VISPI
Bonjour, je suis Nicolas VISPI, donc moi je suis chargé de mission à l’ARACT des Haut-de-France, donc l’Agence Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail et je suis en même temps coordinateur du labo d’innovation Katalyo. Katalyo c’est une dynamique de laboratoire d’innovation qui est basée en Haut-de-France, appliquée au champ de la formation professionnelle continue et dont le rôle, en quelques mots, est d’accompagner les acteurs de la formation professionnelle dans le renouvellement de leurs pratiques. On a donc une activité principale d’accompagnement de projet, d’appui à l’émergence, d’appui à l’ingénierie, de projets d’innovation en matière de formation et une activité de production d’enseignement qu’il s’agit de diffuser sur des temps comme aujourd’hui notamment. On a déjà collaboré précédemment avec Catherine, donc il y a un effet de connaissance mutuelle, de connaissance de l’approche de Katalyo qui fait qu’elle y voit une perspective possible en venant croiser avec nous.


Et puis ensuite il y a ce que je disais en introduction, c’est-à-dire qu’on est un labo d’innovation et quelque part on a une flexibilité, une plasticité qui est inhérente à ce format là, qui fait qu’on a la capacité nous a un moment donné de se saisir d’un objet, le prendre par un bout et puis jouer le rôle un petit peu de défricheur et d’aiguilleur. Ce qui explique aussi pourquoi on a fait ce choix là de procéder un petit peu par une enquête exploratoire. Voilà, on est parti de quelque chose, d’un sujet qui est éminemment très large, sur lequel il y a déjà une connaissance produite qui est abondante. Donc il y a quand même eu un premier travail, on va dire, de revue de littérature qui a été fait pour essayer de se définir une matrice, on va dire, d’investigation, et puis ensuite on a procédé par une approche exploratoire, c’est-à-dire par entretiens avec des acteurs de la formation, que ce soient les financeurs, les prescripteurs, les réseaux d’accompagnement, les organismes de formation, aussi bien les dirigeants que les formateurs ou responsables pédagogiques pour essayer de se définir un petit peu une image, une représentation et aussi de caractériser la représentation de ces acteurs là sur les questions d’engagement, pour que ça puisse ensuite nous servir à élaborer une stratégie d’action. Donc en fait, cette enquête là et ce qui sera diffusé fin mai, c’est en fait une première étape d’un processus un petit peu plus long, mais qui comporte un certain niveau d’incertitude, c’est-à-dire on ne sait pas de quoi la suite sera faite, puisqu’elle dépend aussi de la manière dont les acteurs vont appréhender cette première étape là.

— Nicolas LOZANCIC
Il nous reste à faire connaissance avec Catherine MOUGIN et c’est avec qu’elle que nous précisons l’approche qui a été adoptée par le trio par rapport à l’engagement.

— Catherine MOUGIN
Catherine MOUGIN, je suis présidente de 3E Innovation, une agence digitale learning et chercheure associée à l’Université Paris Nanterre. Donc avec Raphaël, on collabore effectivement sur d’autres projets. Et quand il m’a appelé pour m’expliquer le retour qu’il avait de ses clients, je lui ai dit c’est exactement ce pour quoi je travaille en fait. Parce que moi, mes clients viennent souvent me voir pour me dire le e-learning, ça ne marche pas, et l’engagement des apprenants n’y est pas du tout, et en particulier pendant le COVID. C’est comme ça que j’ai fait le lien en fait avec ce que me disait Raphaël. Et puis ayant travaillé avec Katalyo à l’époque, mais c’était pas encore tout à fait Katalyo en tout cas avec Nicolas j’ai fait le lien en me disant c’était un sujet qui était fréquent partout, c’était national, c’était pas que le Haut-de-France loin de là, et que ça pouvait être intéressant pour le laboratoire Katalyo de travailler là dessus.

Du coup, c’est cette double casquette, à la fois terrain praticien dans le Digital Learning et chercheure avec Raphaël, qui nous a permis de proposer cette recherche à Katalyo et à l’ARACT. Par rapport à l’engagement, on a retravaillé un petit peu notre début de protocole de recherche, on va dire, pour l’adapter aux Hauts-de-France. Mais surtout, on s’est associé avec Fabien Fenouillet qui est le grand nom de l’engagement, en tout cas de la motivation, de la théorie de la motivation.

Ce qui est intéressant pour nous, c’est d’avoir la représentation des acteurs sur ce qu’était l’engagement en formation. Et ça, c’était déjà intéressant. Parce que, au delà de la recherche, au delà de ce qui peut se dire, là, finalement, c’était déjà de partir du terrain et non pas de partir de la recherche. Partir du terrain pour faire ressortir des déterminants et des facteurs d’engagement.
Donc ça, c’était notre première idée, et c’était justement pas d’y aller avec une casquette de chercheur. On sait tout et on va vous dire ce que c’est, mais plutôt dans l’autre sens. Nous, on aimerait savoir ce que vous entendez, vous, en tant qu’acteur du système de formation.

— Nicolas LOZANCIC
Nous venons de l’entendre, Il s’agit d’une enquête exploratoire dont le point de départ est le terrain et non une approche strictement académique. Nicolas VISPI nous précise les contours de la méthode.

— Nicolas VISPI
On a fait le choix d’une approche exploratoire, c’est-à-dire essayer d’avoir un panel qui soit (je n’aime pas trop ce terme là, mais…) pas représentatif mais caractéristiques de l’appareil de formation. Ce qui caractérise l’appareil de formation en région, c’est quand même le fait qu’il soit très hétérogène. C’est-à-dire il y a des grosses structures, il y a des petites structures, il y en a qui fonctionnent sur fonds publics, d’autres sur fonds privés. Il y en a dont la formation est l’activité principale, d’autres dont l’activité de formation est minoritaire. Il y en a qui sont des professionnels de la formation, il y en a qui sont des experts métiers qui font de la formation. Et donc on a un système qui se caractérise par son hétérogénéité et donc on ne pouvait pas dupliquer une intention de recherche dans ce contexte là. Donc il fallait essayer de voir un petit peu la diversité des cas de figure possibles, sans viser l’exhaustivité, parce que c’est impossible, mais au moins pour essayer de récolter des éléments qui permettent ensuite créer une éventuelle suite. Et c’est important pour nous. Parce que enfin, il y a aussi un autre élément qui faisait, qui avait besoin de situer, d’ancrer ça à l’échelle territoriale, c’est que la répartition de l’offre de formation sur la région Haut-de-France, elle est très inégalitaire.

Y’a plus d’organismes de formation dans la métropole européenne de Lille qu’il n’y en a dans tout le département de l’Aisne. Voilà où se situe l’offre et les structures. Et donc on ne peut pas avoir une seule réponse possible et dupliquer un dispositif sur l’ensemble du territoire régional. Donc, il y avait besoin de passer par cette phase là pour tenter de mettre en visibilité les représentations des acteurs pour ensuite la confronter à eux qui se confrontent à ces résultats là pour que ça nous aide à définir la suite du travail.

— Nicolas LOZANCIC
Raphaël GRASSETd’abord, puis Nicolas VISPI, nous donne un aperçu des populations interrogées, de leur perception et de leur définition de l’engagement. Et nous découvrons qu’un certain nombre de déterminantes étaient identifiées qui vont jouer sur la qualité de l’engagement.

— Raphaël GRASSET
On parlait d’étude exploratoire et l’étude qu’on a menée cette fois-ci, elle s’est intéressée principalement aux acteurs institutionnels et aux organismes de formation. L’idée, c’est peut être dans un second temps, d’aller discuter avec les apprenants et les formateurs. C’est pour ça qu’on parle d’une étude exploratoire ici, travaillant sur la vision qu’on ces acteurs là, ce qu’on a appris avec les quatorze entretiens qu’on a fait auprès des acteurs publics : Pôle emploi, la région, les branches et aussi en interviewant des organismes de formation, soit leur directeur, soit leur responsable pédagogique.

C’est la vision qu’ils avaient pour eux de ce que c’était qu’un apprenant engagé en formation. Et selon eux, c’est un apprenant qui est actif avec un projet qui fait sens. Tout ça dans un écosystème. Relire donc, pour revenir un peu sur ces trois aspects d’une définition qui leur appartient à ces acteurs là. Pour eux, l’apprenant doit être actif dans le sens où il doit se donner les moyens de réussir.

Bon, c’est un investissement temporel, monétaire, d’être présent lors des formations, de montrer son intérêt de s’approprier les contenus qui sont mis à sa disposition, le fait qu’il ait aussi un projet. Donc ça c’est une notion qui est assez complexe, mais c’est de justement de concrétiser sur le moyen et le long terme ce que c’est que le projet pour lui et comment il va lui donner du sens en fonction de son contexte qui est spécifique à chaque individu.

Donc c’est ça qui est difficile aussi, c’est-à-dire qu’on doit donner sens à quelque chose qui est spécifique à chaque individu, donc on peut pas le faire de manière automatisée sur des grandes quantités de personnes, comme par exemple les tests de Pôle emploi. C’est vraiment un investissement sur un parcours de vie pour pour l’apprenant . Donc ça doit vraiment lui parler.

Et enfin, le dernier point, c’est que ces apprenants évoluent dans un écosystème où tout au long de leur formation, ils vont avoir affaire à de nombreuses personnes, que ce soit des conseillers, les formateurs, les administrateurs, les futurs employeurs. Bien que justement ces personnes là doivent se coordonner entre elles pour faciliter les choses pour les apprenants tout au long de leur formation, les apprenants doivent aussi développer la capacité de s’adresser à la bonne personne au bon moment au cours de leur formation. Et donc tous ces aspects, en fait, favorisent souvent les acteurs qu’on a interrogé, l’engagement en formation des apprenants.

— Nicolas VISPY
Et après dans ce que nous on a vu et c’est un bien grand mot, mais à la fois sur les problématiques qui apparaissent ou qui nous revenaient par des questionnements ou l’expression informelle. C’était des problématiques de sourcing, des difficultés à remplir certaines formations, même si parfois il y a un peu cette logique adéquationniste entre des offres d’emplois à pourvoir, il y a une offre de formation existante mais de la difficulté à mettre en relation.

Et donc on voit bien que on ne peut pas être uniquement dans une logique adéquationnistes entre des emplois d’un côté, une offre de formation au milieu et des apprenants de l’autre. Donc il y a il y a d’autres déterminants qui interviennent. D’où l’idée d’aller investiguer cette question là de ces déterminants, ce qui est un peu le corps de ce qui a constitué l’étude, c’est justement d’identifier, de proposer, d’être une proposition d’un cadre de lecture des déterminants de la formation qui, pour une partie, se jouent dans les dispositifs, mais qui peuvent se jouer également en amont de la formation .

Dans ce cas, Catherine et Raphaël rappelleront un peu les déterminants et périphériques. Donc il y a cette problématique du sourcing. Il y a aussi des problématiques où finalement on était dans une période avec le fond d’investissement dans les compétences finalement d’une forme de concurrence entre le nombre de dispositifs existants et le nombre de dispositifs qui peut cibler des publics identiques.

Ce qui fait qu’à un moment donné ça crée une forme de concurrence à l’intérieur du système qui fait que bah oui, on chasse les mêmes publics, donc on a un moment donné des difficultés à remplir. Donc il y a d’autres déterminants que la simple existence de dispositifs. Donc il fallait pouvoir investiguer, on va dire, ce qui a un peu guidé la matrice de réflexion, c’est qu’il y a des déterminants du côté des dispositifs et de l’ingénierie de formation et pédagogique. Il y a des déterminants du côté, on va dire, des dispositifs de financement de la formation, et il y a bien évidemment un troisième point qui est, on va dire, les déterminants psychosociaux, voilà qui sont du côté de l’apprenant. Donc, dans le cadre de cette étude là, on va s’intéresser à ce qui est hors du dispositif en laissant de côté les apprenants, parce que ce n’est pas le but d’une étude exploratoire que de viser l’exhaustivité. Mais certes, c’est un élément absent aujourd’hui, mais qui pourrait être levé dans un second temps.

— Nicolas LOZANCIC
Avec Catherine MOUGIN, nous détaillons maintenant l’étendue de la liste des déterminants de l’engagement que nous parcourons un à un.

— Catherine MOUGIN
Ces entretiens nous ont permis de découvrir neuf déterminante de l’engagement. Ces déterminant n’ont pas d’importance les uns par rapport aux autres. Quand je vais les citer, c’est juste qu’on les a listés dans cet ordre là. Donc le premier, c’est la mobilité, la mobilité physique et psychologique des apprenants. Le second, c’est la technologie ou les technologies.Il y a aussi l’attractivité des métiers qui va avoir son importance par rapport à l’engagement en formation. Bien sûr, le cœur du travail des organismes de formation qui est la pédagogie, donc l’ingénierie de formation et l’ingénierie pédagogique. Un élément beaucoup plus macro, le cadre légal et réglementaire de la formation au niveau des apprenants. Ça va jouer sur les problématiques sociales de ceux ci, mais aussi pour les organismes de formation. C’est aussi l’information de la formation, c’est comment j’atteins mon public et comment mon public sait ce que je fais en tant qu’organisme de formation. Ce que je propose, il va s’agir aussi de l’implication des différents acteurs et là on va aller assez loin dans les différents profils d’acteurs. Ça va aussi se jouer sur la perception de la formation pour les apprenants et du coup, pour l’appareil de formation.

Je prends un exemple, alors, qui n’est pas spécifique clairement au Haut-de-France, mais qui est quand même un point peut être plus important au Haut-de-France par rapport à d’autres régions, par rapport à ce qu’on peut vivre avec Raphaël, c’est tout ce qui est problème socioéconomique. Ça, ça va être un élément important qu’on va retrouver, nous, pendant les entretiens, avec des difficultés liées au logement, à la santé, tout ce qui en rapport avec l’addiction par rapport à des situations de vie, des ruptures dans la vie de type divorce, décès, etc qui vont avoir une influence de plus en plus importante dans la suite à donner de la formation des apprenants. Et ça, ça va jouer à la fois pour les formateurs qui vont vivre ces situations de vie qui vont être très difficiles à gérer et ça va être tout un groupe qui va le vivre aussi. Ça veut dire que ce contexte là qui va être d’une ou plusieurs personnes dans la formation, va falloir pour le formateur pour l’organisme de formation et ben travailler avec ça.

Et pour ça, l’autre facteur, qui a émergé par rapport à ces situations là, qui est un facteur très positif, c’est le travail en partenariat, l’ingénierie territoriale qui s’est fait avec un espèce de réseau de partenaires, que ce soit publics ou privés, associatifs aussi beaucoup, et un travail de combinaison d’acteurs qui va permettre à l’apprenant de passer le cap par rapport à toutes ces situations là, et rester en formation avec un soutien parfois psychologique, parfois médical, avec par exemple des médecins dans le cas d’associations d’addictologie, ça va être un soutien avec les services de l’État pour avoir droit à des aides particulières par rapport à son logement ou avoir un nouveau logement. Voilà, ça va être tout ce réseau là qui va se créer, qui va être mobilisé tout autour de l’apprenant en difficulté, qui va lui permettre d’aller jusqu’au bout et du coup d’être entre guillemets pris en compte et non pas sur ses savoirs, ses compétences de demain ou ses compétences aujourd’hui, mais en tant que personne à part entière.

Et c’est ça qui fait à mon avis la force sur les Hauts-de-France, c’est vraiment cette capacité de travailler ensemble, quels que soient les acteurs, et on sort complètement du cadre de la formation puisqu’on va aller sur des services et des associations, sur l’humain. L’addictologie, tout ce touche la santé, la santé mentale. On va être vraiment sur le l’humain en tant que tel et non pas sur l’apprenant. Et là je trouve qu’il y a une vraie différence. Un élément très positif par rapport à ce qu’on a pu entendre lors des entretiens.

— Nicolas LOZANCIC
Comme nous l’ont dit nos intervenants, ce travail est exploratoire, il en reste encore à accomplir pour compléter ces résultats. Raphaël GRASSET et Nicolas VISPI nous évoquent l’avenir du projet.

— Raphaël GRASSET
Donc effectivement, là, aujourd’hui, on a interviewé certains acteurs, donc on a réussi à récupérer leurs perceptions. Et l’idée, c’est aussi d’aller voir la perception d’autres acteurs que sont les apprenants et les formateurs qui peuvent avoir des visions terrain différentes. Et au delà des représentations, ce qu’on aimerait bien faire aussi en termes de recherche, c’est d’aller sur des études un peu plus quantitatives pour observer l’impact réel de tel ou tel facteur, que ce soit le soutien, l’autorité, l’évaluation, la confiance en soi sur les facteurs d’engagement parce que dans un de ceux à observer, c’est la perception de la formation et la représentation scolaire que les gens peuvent avoir de ce qu’est qu’apprendre. En recherche on parle de brûlure d’apprenance. Et ce qui serait bien, c’est d’identifier un peu plus spécifiquement l’impact concret et de le mesurer, de quantifier chacun de ces facteurs sur l’engagement en formation. Donc ça, ce serait une première approche, des pistes que couvre cette première étude exploratoire. Et en terme d’expérimentation, peut être plus pour continuer à créer du lien avec les différents acteurs des Hauts-de-France, ce serait de proposer un accompagnement aux équipes pédagogiques qui seraient volontaires pour les aider à transformer et faire évoluer leur dispositif pédagogique dans une optique de favoriser l’engagement et bien évidemment d’en mesurer l’impact.

— Nicolas VISPI
On entre dans une étape où on en fait, on va partager cette analyse là, cette enquête là, dans l’idée d’un partage, d’une mise en discussion, d’une mise en confrontation, pour que, un peu dans l’idée d’un groupe miroir, c’est-à-dire de confronter l’analyse qu’on fait au travers des quatorze interviewés à un panel un peu équivalent et de voir où sont les points de convergence, où sont les points de divergence, où sont les accords, où sont les désaccords pour que ça nous permette en fait d’orienter la suite, de dire ah bah voilà, là on aurait peut être un groupe qui serait intéressé pour faire une évaluation, une observation des dispositifs. On aurait peut être un autre groupe qui serait intéressé par une approche quantitative et des pistes. On a des hypothèses de poursuite, bien évidemment, que ce soit en termes de recherche, que ce soit en terme d’accompagnement ou d’expérimentation. Mais l’idée, on n’est pas centré, nous, sur la destination finale, mais on est plutôt un aiguilleur en disant voilà quel chemin vous souhaitez vous approprier, comment on peut venir outiller et faciliter le voyage vers cette destination là. Donc c’est vraiment une première étape, un peu de mise en confrontation de cette enquête. Donc, il y a ce podcast qui est un premier élément pour nous, il y a une restitution au public qui va être organisée le 30 mai, justement. Vous pourrez les retrouver sur la page LinkedIn de Katalyo, sur les réseaux sociaux et puis sur les outils du C2RP je pense ou sur C2 actus, la place. Voilà ce qui va constituer un peu le premier temps de partage et de mise en discussion de cette enquête là.

Il y a également une diffusion un peu plus élargie qui est prévue le 15 juin sur un webinaire qui sera également animé avec Catherine, Raphaël et moi, et qui sera organisé par le par le C2RP, qui nous permettra à un moment donné de réfléchir sur ces temps de restitution. Voilà qu’est ce qui s’en dégage, comment les gens se sont appropriés ces éléments là pour essayer de construire la suite.

— Nicolas LOZANCIC
Ce podcast touche désormais à sa fin. Vous venez de l’entendre ? Nicolas VISPI nous a dévoilé deux dates le 30 mai et le 15 juin prochain pour une découverte des résultats et la tenue d’un webinaire. Aussi, nous vous invitons à suivre l’actualité du C2RP qui bien évidemment se fera le relais de l’ensemble de ces informations. Nous remercions chaleureux nos trois intervenants.

Nous vous remercions pour votre écoute et nous vous donnons rendez vous sur le site internet du C2RP, ces réseaux sociaux pour écouter et réécouter l’ensemble des épisodes. À très bientôt pour un prochain numéro.

Merci de votre écoute. Si vous avez apprécié cet épisode du C2podcast, n’hésitez pas à le partager avec vos collègues ou avec toute personne pour laquelle il sera intéressant et utile. Laissez nous librement un commentaire, posez nous vos questions sur le sujet traité par le podcast ou encore faites nous part de vos idées pour un prochain C2podcast.

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